Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
When the Lights Go Out
30 novembre 2006

SPEARMINT !

Du son !              Du neuf !               Du frais !

Bon, même s'il ne s'est pas formé hier, Spearmint est un groupe qui se réinvente sans cesse et comme personne ne les connait en France, on peut quand même parler de relative nouveauté. Pourtant...

Depuis 1995, les membres de spear ont sorti plein d'albums, fait plein de tournées et fait leur petit bonhomme de chemin, en se posant plein de questions mais sans jamais se prendre la tête. Leur approche de la musique est simple : faire de la musique comme si c'était la première fois ("First Time Music", nom du 1er single de leur dernier album, Paris in a bottle). Toutefois, comme ils sont là depuis un moment, ils le font avec talent.

Ça donne quoi ?

°

En France, on semble bouder la pop anglaise. Tout ce qui vient de yoU Kay doit avoir une attitude, doit être mauvais garçon et doit chanter court et peu et vite et énergiquement. Et tant pis si ça (s')épuise y en a d'autres derrière pour renouveler.

Spearmint, qui ne fait rien comme les autres, fait donc de la pop posée (berk, pas punk !), réfléchie. Conceptuelle, quoi. D'ailleurs, le concept est quelque chose qui revient souvent chez Spearmint, car après avoir sorti un album autour du thème de la relation amoureuse (le début, le milieu, la fin), A different Lifetime, ils remettent ça avec, sur leur dernier album, des fils qui se tissent entre les chansons.

First Time Music, la première piste, raconte l'aventure de deux ados débarquant à Paris pour chanter dans la rue, leur rencontre avec deux jeunes filles et la nuit qui suivit.

Paris in a bottle, la dernière, raconte la même histoire mais du point de vue d'une des deux filles - et en français, donc.

First Time Music est exemplaire car elle rassemble des tonnes d'influences et de courants et elle est pour moi l'essence même de la pop.

Pour finir, et comme ils sont sympas chez Virgin, j'ai même réussi à joindre Shirley (c'est le nom du chanteur, ça ne s'invente pas) pour une interview.

Spearmint, l'interview

« First Time Music » me fait penser à une traversée de l’histoire de la pop, c’est comme si des milliers de chansons résonnaient dans votre morceau. Pourrais-tu dire quelles ont été vos influences quand vous l’avez composé ?

Shirley:

Je ne sais pas si on peut parler d’un artiste en particulier, disons que nous avons plutôt absorbé tout un courant et certaines références se voient plus que d’autres. Notre ambition était de faire une petite symphonie pop, une sorte de comédie musicale… Oui, ça fait penser aux albums de Scott Walker ou The Style Council. Mais son côté léger c'est plus The Go Betweens…

moi:

On se demande souvent quelle est la part de fiction et de réalité dans l’œuvre d’un auteur. Ton épopée parisienne est complètement inventée ou tu es vraiment venu faire la manche ici quand tu étais adolescent ?

Shirley:

Oui, je suis vraiment venu à Paris pour chanter dans la rue alors que j’étais adolescent… avec un certain Graham. Tout ça, c’est vrai. Cela dit, je l’ai un peu embelli, je l’ai un peu exagéré, mes souvenirs se sont peut-être emmêlés un peu, il y a aussi des souvenirs d’autres personnes qui sont venus se greffer par-dessus, et j’ai certainement dû en rajouter !

moi:

« Keep making first time music » (qu’on pourrait traduire par « continue à jouer de la musique comme si c’était la première fois) : j’adore ces paroles. J’ai l’impression que ce qui compte le plus pour vous c’est de jouer et rien d’autre. Vous comparez-vous à d’autres groupes qui ne font pas partie de la scène indé et qui subissent des pressions commerciales ? Vous préoccupez-vous de votre « carrière » ou vous composez de la musique sans penser à tout ça ?

Shirley:

Notre seule préoccupation est de jouer de la musique qui nous plaise. Notre ambition est de créer un son unique, qui ait une réelle valeur, qui nous donne envie de nous dépasser… Le plus important concernant notre carrière est qu’elle nous permette de continuer à sortir des albums, ça n’a aucune importance si on ne devient pas riche ou célèbre, toutes ces choses là, ça n’a aucune valeur à nos yeux…

moi:

Vous avez vraiment l’air de pas vous prendre la tête. Le single très enlevé qu’est « Psycho Magnet » commence sur un refrain à la Oasis et le reste fait penser à un mélange entre Suede, Elastica ou Pet Shop Boys (la Brit-Pop des années 90, pour résumer). As-tu déjà voulu explorer de nouvelles sonorités , comme le font Blur et Radiohead, par exemple, ou te sens-tu trop bien dans ta peau pour écrire de la musique dépressive ?

Shirley:

Franchement, on n’y pense pas… une des principales motivations du groupe a toujours été de faire de belles chansons pops dont les paroles aient également un sens. C’est intéressant que tu voies de la musique déprimante comme étant en avance sur son temps car c’est effectivement ce qui semble prédominer dans l’esprit des gens. Pour moi, la chanson pop parfaite dont les paroles vont t’interpeller est quelque chose de beaucoup plus difficile à composer, c’est un défi bien plus intéressant… Ce que je recherche chez les autres groupes, ce sont de belles mélodies sincères et touchantes. Et c’est ce que nous essayons de créer avec plus ou moins de succès ¦¬)

moi:

Pour finir, aussi bien vos chansons que vos albums sont très conceptuels et débordent d’intertextualité. Vos productions sont toujours irréprochables, comme si vous vouliez livrer un produit qui ait un sens en tant qu’objet fini. Avez-vous déjà été tentés de poursuivre d’autres projets dans le cinéma, l’écriture, le multimédia, la sculpture, où vous pourriez aller encore plus loin dans cette démarche artistique ?

Shirley:

Pour moi, un album est avant tout une collection de belles chansons, mais j’apprécie le fait qu’il y ait plusieurs grilles de lectures, que tu puisses être amener à réfléchir à leur écoute… on a envisagé de faire un film ou d’écrire un roman, mais je ne sais pas si on serait très bon, alors qu’on commence à se débrouiller question albums… J’ai le sentiment que si on s’accroche, on arrivera à quelque chose de vraiment unique !

moi:

Merci beaucoup pour ton temps et ta gentillesse, bonne chance pour votre album !

Shirley:

Merci à toi. Et merci pour tes encouragements, ça nous aide à avancer !

Shirl
  x

Publicité
Commentaires
P
J'adore Spearmint et je confirme qu'on ne les entend guère en France... Lors de leur concert à Paris l'année dernière nous n'étions qu'une petite trentaine dans la salle, ce qui ne les a pas empêché d'offrir une prestation fabuleuse. Pour les albums j'ai un gros faible pour "A Different Lifetime".
L
Merci pour ces extraits et cet article bien ficelé qui m'ont fait craquer pour Paris in a bottle que je viens d'acheter... d'ailleurs il se pourrait bien que je commande les autres albums de Spearmint car depuis 3 jours je ne me lasse pas d'écouter cet album....j'adoooooore!
W
Allez quoi... accouche ! :D
C
Ouaip, tu m'en bouches un coin (mais ne m'étonnes point... ;-)). Ca donne envie d'en connaître plus... comme pour tous les autres posts !<br /> Je suis aussi un peu paumée sur certaines références... pourrait-on se hasarder à faire une petite comparaison avec Pulp ? (je ne connais pas bien, mais la partie parlée m'y a fait penser).<br /> Certes, j'apprécierais moi aussi de te lire plus souvent... mais c'est déjà pas mal vu comme tes chroniques sont longues et fouillées !<br /> <br /> Bon allez, j'arrête, tu vas avoir la grosse tête... ;-))
M
chouette morceau qui donne envie d'en écouter beaucoup d'autres ! merci pour cette découverte, et bravo pour cette interview exclusive (très chic, très classe !) ;-)
Archives
Publicité
Publicité